Duras durera
Ce 4 avril, Marguerite Duras aurait eu 100 ans.
La Presse, Radio-Canada, et multiples autres ont tenu à souligner ce centenaire, à rappeler aux lecteurs l'immensité de son talent, et son unique voix littéraire au vingtième siècle. Elle a beaucoup écrit ; elle a beaucoup aimé ; elle a beaucoup bu ; et elle a beaucoup influencé la littérature française contemporaine.
En son honneur, et sachant à quel point elle tenait à sa parole, je vous offre quelques citations de Duras elle-même...
Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. (Écrire, 1993)
Avec les mots de tout le monde, écrire comme personne.
L'histoire de ma vie n'existe pas. Ça n'existe pas. Il n'y a jamais de centre. Pas de chemin, pas de ligne. Il y a de vastes endroits où l'on fait croire qu'il y avait quelqu'un, ce n'est pas vrai, il n'y avait personne. (L'Amant, 1984)
Une idée est toujours une bonne idée du moment qu'elle fait faire quelque chose.
Je t'oublierai ! Je t'oublie déjà ! Regarde comme je t'oublie ! Regarde-moi ! (Hiroshima mon amour, 1960)
Tout ce qu'on peut savoir quand on ne sait rien, je le sais. (La douleur, 1985)
L'alcool a été fait pour supporter le vide de l'univers, le balancement des planètes, leur rotation imperturbable dans l'espace, leur silencieuse indifférence à l'endroit de votre douleur.
Les femmes, toutes les femmes ont fait leurs valises pour rien une fois dans leur vie. On le fait pour qu'on vous retienne. (Le marin de Gibraltar, 1952)
Il faut éviter de penser à ces difficultés que présente le monde, quelquefois. Sans ça, il deviendrait tout a fait irrespirable. (Hiroshima mon amour, 1960)
Je crois que c'est ça que je reproche aux livres, en général, c'est qu'ils ne sont pas libres. On le voit à travers l'écriture : ils sont fabriqués, ils sont organisés, réglementés, conformes on dirait. Une fonction de révision que l'écrivain a très souvent envers lui-même. L'écrivain, alors il devient son propre flic. J'entends par là la recherche de la bonne forme, c'est-à-dire de la forme la plus courante, la plus claire et la plus inoffensive. Il y a encore des générations mortes qui font des livres pudibonds. Même des jeunes : des livres "charmants", sans prolongement aucun, sans nuit. Sans silence. Autrement dit : sans véritable auteur. Des livres de jour, de passe-temps, de voyage. Mais pas des livres qui s'incrustent dans la pensée et qui disent le deuil noir de toute vie, le lieu commun de toute pensée. (Écrire, 1993)
Les grands récits sur lesquels s'est fondée la modernité sont en voie de desintégration.
Je crois qu'on ne lira plus, les gens continueront à écrire, mais les gens ne liront plus, la lecture restant l'apanage d'une classe fermée. Je ne voudrais pas être à la place des gens qui vivront après l'an 2000, toutes les conditions sont réunies pour que l'ennui soit vécu dans sa plénitude, l'ennui profond j'ai beau y penser à cette époque et je ne vois que ça, le développement de l'ennui, la recherche vaine d'un évènement.
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